« On ne bouge plus. »

La voix était impérieuse. Faut dire, quelle idée d’interrompre Mat alors qu’il préparait un plein chaudron de boules puantes au milieu des bois. Non, mais sans rire, y avait pas un foutu endroit dans cette scrugnugnu d’école ou l’on pouvait avoir la paix une grosse heure.

« Je devrais te tuer pour pas que tu racontes ce que tu viens de voir, mais j’ai pas de sortilèges pour ça, et j’ai un peu mal au bras, donc je vais pas pouvoir le faire à la main. Donc je vais te laisser partir, parce que je suis bon, généreux et magnanime, mais d’abord, j’ai besoin d’un coup de main. »

Il désignait le chaudron, puis d’un mouvement de la tête, une rangée de moules en forme de coin de table.

« Je dois garder le bordel à température constante, sinon elles vont changer de couleur et ça va être foutu, mais c’est difficile de remplir les moules en surveillant le feu, alors comme tu as eu la merveilleuse idée de passer dans le coin, tu gagnes le droit de remplir les moules. »

L’associer au projet la rendait coupable, et la rendre coupable devrait l’empêcher de raconter ce qu’elle venait de voir à tort et à travers. La proposition n’était pas vraiment négociable, à défaut de sort mortel, Mat devait pouvoir trouver un moyen ou un autre d’asperger la demoiselle de la répugnante mixture.

Il lui fit un grand sourire engageant, ou alors il avait une crampe de la mâchoire, difficile à dire.

Citation :

« On ne bouge plus. »

Ellia s'arrêta nette avec un frisson incontrôlé. Dans quel pétrin, elle s'était mise. Elle se retourna très doucement pour faire face à son interlocuteur, sans pour autant oser le regarder dans les yeux. Ne sachant ce qu'il allait lui tomber dessus, elle attendit la suite. Déjà il n'avait pas fait usage de sa baguette pour lui agrandir des dents, les cheveux ou poils, ou toute autre sortilège, bien aimer des serpentards.

Citation :

Je devrais te tuer

Elle déglutit difficilement, car sa gorge était sèche.

Citation :

Donc je vais te laisser partir, parce que je suis bon, généreux et magnanime, mais d’abord, j’ai besoin d’un coup de main. »

**ouf**
Donner un coup de main n'était pas un problème, mais pour quoi faire ? Le milieu de la phrase était un peu passer à la trappe, et elle ne savait pas vraiment de quoi il s'agissait. En tout cas pas besoin de la menacer de mort pour la faire aider quelqu'un. C'était quelque chose de naturel.

L'explication vint enfin, ça ne paraissait pas terrible. Elle approcha d'un pas, et senti l'odeur puis reconnue les boules puantes. Le règlement les interdisait.
Elle regarda le garçon.

-Mais c'est interdit de faire des boules puantes.

La phrase résonna dans sa tête comme très naïve. Et elle préféra ne rien rajouter. Elle ne contournait que très rarement le règlement, et jamais pour des bêtises aussi importante. Elle ne savait pas trop quel était la meilleur tactique. La délation ne faisait pas partie non plus de son domaine, vu qu'elle préférait rester transparente.
Il lui restait deux solutions, obéir et se rendre coupable d'un crime, surtout que il y avait de forte chance de retrouver des boules puantes dans leur couloir, ou leur salle de classe. Ou bien, deuxième solution détaler sans se retourner vers le parc et le plus de risque. Mais partir en courant c'était lui tourner le dos.

Une main dans la poche, elle sentit sa baguette. Elle était toujours à distance, et n'avait pas avancé vers l'inconnu et le chaudron de beaucoup. La dernière solution, serait d'attaquer. Mais elle n'aimait pas vraiment la bagarre et hésita sur les différentes solutions.

*Quelqu’un de serviable sur cette planète ? Non ? Alors vous auriez quelqu’un de peureux ? Non ? Bon, bah je vais émigrer alors.*
Pourtant sur le papier c’était simple, un petit service, un sentiment de culpabilité, et une paix d’esprit méritoire pour Mat.

« Allons, qui parle de faire des boules puantes, je demande simplement que tu me rendes un petit service, qui consiste juste a verser ce liquide dans ce moule, rien d’autre, et je ne crois pas que rendre service ou verser un liquide soit interdit dans le règlement. Pourtant je peux te dire que je le connais bien, je dois même pouvoir le réciter de mémoire à force… »

Ahhh…Tout ces exemplaires du règlement recopiés pendant des heures et des heures, un souvenir émouvant qui provoquait une crampe au poignet de Mat. Enfin heureusement, il avait depuis obtenu un stock de plumes enchantés devant lui permettre d’ouvrir son propre magasin de plumes si l’envie lui prenait.

« C’est facile, indolore, et ça me rend aimable, c’est l’affaire du siècle. » Le même sourire trainait toujours chez Mat.

Son sourire s'il se voulait sympathique, était plutôt carnassier. On aurait dit qu'il allait la manger tout cru si elle n'obtempérait pas. Elle ne savait pas trop quoi faire, mais il était vrai que rendre un service n'avait rien d'interdit. Mais il s'agissait de rendre un service en connaissance de cause. Ellia n'était pas vraiment pour, mais elle était petite et lui paraissait bien grand. En plus tous en lui donnait envie de s'enfuir. Il lui avait donné une chance de faire ce qu'il demandait de manière plutôt agréable. Pas besoin de se mettre quelqu'un serpentard à dos, s'en serait finit pour elle.

Avançant de deux pas, timidement, elle le regarda en évitant ces yeux.

-Et je les remplie avec quoi ?

Elle n'avait qu'une envie que ça se termine vite, avant de se faire dévorer par le grand méchant loup.

« Avec ce qu’il y a dans le chaudron, ça paraissait évident sur le papier pourtant. Je vérifie la température du liquide, et tu verses dans les moules, une équipe qui gagne.»

La moule qui verse dans les moules, une idée distrayante, même si la, c’était carrément pas le moment. Jusqu’ici Mat avait constaté une variable de 5 degrés environ sur son liquide, 5 degrés en moins ou en trop, et le liquide explosait en rentrant dans les moules. Mat attribuait ça au produit utilisés pour faire ces derniers, de la bave solidifiée, parce que dans les autres moules, ça se passait très bien.

« Tu prends, tu verses, et t’évites d’en foutre partout à coté, elle est pénible à faire cette mixture. » Ouais, parce que outre l’odeur, fallait les ingrédients, et fallait pas se faire goler, du coup, elle était pénible. Le résultat était à la hauteur de l’investissement cela dit, des boules puantes quasi invisible, et qui brulaient sans fumée ni flammes, l’idéal pour suspendre un cour pénible.

« Je peux même t’en laisser une ou deux si tu fais ça bien. »

On avait toujours besoin d’un coin de table puant.

Citation :

« Je peux même t’en laisser une ou deux si tu fais ça bien. »

-Non merci.

Il avait l'air de la prendre pour quelqu'un de stupide. Mais elle trouva la réponse à sa question toute seule par une louche poser à coté des moules. Elle avança et la prit en main, remettant par la même occasion sa baguette dans la poche intérieur de sa robe de sorcier.
Elle prit la louche et le premier moule, et se tourna vers le chaudron.
Puis elle attendit d'avoir le feux vert pour remplir le pot.
Elle commença, à mettre la potion bouillante dans le premier moule sans en mettre une goutte à coté. Première louche, deuxième. Le moule était presque rempli et Ellia qui l'avait pris à pleine main, le lâcha en criant de douleur.
Le moule était conducteur de chaleur, il était donc devenu aussi chaud que le liquide bouillant. Tomber au sol, il éclaboussa dans tous les sens, et elle prit du liquide sur la robe. Mais à ce moment là elle s'en moquait pas mal, sa main lui faisant mal.
Le moule s'était déverser par terre et répandait l'infecte liquide vert kaki sur en direction du feu.

Avec un peu de crainte, Ellia leva la tête pour regarder la réaction du Serpentard, qui ne devait pas être très content de se résultat, surtout qu'il était fort possible qu'il est reçu des gouttes de sa substance.
Elle n'avait pas vraiment eut le courage de le prévenir qu'elle était plutôt maladroite. Enfin là il s'en était surement aperçut.
D'une voie, pleine de regret et de crainte, elle chuchota :

-Je suis désolé.

* Je vais la tuer. *

Mat envisageait diverses méthodes pour se faire, hache, pieu, piolet, arme à feu, patin à glace, torture… Hélas, une fois de plus, le destin semblait prendre un malin plaisir à le devancer puisque la demoiselle se trainait désormais une main brulée.

*Je hais le destin.*

Le serpentard avait déjà constaté à plusieurs reprises qu’il est extrêmement difficile de faire souffrir quelqu’un qui souffre déjà, les résultats de ses diverses tentatives dans ce sens étaient des échecs, il était donc nécessaire de soigner Ellia, puis de la tuer. Un problème majeur se heurtait hélas au plan génial de Mat, il était tout bonnement incapable de soigner quelqu’un, ses sorts de soins avaient pour seul mérité d’arrêter les souffrances chez autrui en les tuant, dans le meilleur des cas. Il fit prestement apparaitre un pain de glace et un torchon.

« Main sur torchon, main plus torchon sur la glace, trois minutes, puis infirmerie. »

En premier lieu, limiter la brulure, l’arrêter, puis la soigner, Mat ne pouvant s’occuper que du début du projet, Ellia se débrouillerait pour la fin. Surtout qu’il devait aussi s’occuper de son cas, intégralement recouvert du liquide nauséabond, il s’annonçait puant pour quelques mois à n’en pas douter vu qu’il n’avait encore rien trouvé pour dissiper le parfum enivrant du produit après coup. Trempé et odorant, Mat poussa un long soupir montrant par la même sa formidable capacité thoracique, prit la louche lui-même, et remplit à la hate les moules restant, les coins de tables ne seraient pas parfait, mais il s’agissait plus de sauver ce qui pouvait encore être sauvé que d’obtenir ce qu’il voulait à l’origine. Il jeta un rapide coup d’œil à la brulée.

« Tu escomptes survivre ? Je voudrais pouvoir t’exécuter moi-même. »

La douleur dans la main semblait vouloir s'étendre. Ne pouvant toucher la brulure sans hurler, elle tenait son poignet de la main saine. La douleur était intense mais, mais en plus de ça la trouille de ce qui allait lui arriver, l'empêchait de réfléchir. Elle resta donc planter debout tenant son poignée sans rien pouvoir penser.
Le grand serpentard, la regarda en réfléchissant, ce qui était tout sauf rassurant, avant de lui tendre un pain de glace et un torchon. Il lui parla comme un robot, puis lui tendit le tout. Elle ne se fit pas prier pour y prendre et mettre sur la main. Lorsqu'elle mit le torchon, la brulure à vif fit mal, mais lorsque le pain de glace commença à diffuser le froid, elle fut soulager un peu.

Citation :

« Main sur torchon, main plus torchon sur la glace, trois minutes, puis infirmerie. »

**puis infirmerie !!!**

C'était une bonne occasion pour se barrer, mais dans certain cas irraisonnée comme la peur, le corps ne répond pas au ordre. Et elle resta planter là à le regarder finir de remplir ses coins de tables. Elle aurait bien voulu se sauver mais le corps ne voulais pas répondre à l'esprit. Elle avait très envie d'aller à l'infirmerie, car le pain de glace diminuait à vu d'œil et la douleur revenait à l'assaut.

Citation :

« Tu escomptes survivre ? Je voudrais pouvoir t’exécuter moi-même. »

Cette phrase fut le déclencheur de l'action du corps. D'un seul coup celui ci se mit à répondre au cerveau. Les yeux écarquillés, elle s'enfuit en courant, une main tenant toujours le torchon et pain de glace dans la main blessée. Ce qui n'est pas pratique pour courir, elle trébucha, mais réussit à se rattraper en lâchant le torchon et la glace. Elle ne les ramassa pas et fila en vitesse, avant qu'il ne change d'avis et ne la laisse pas partir à l'infirmerie.


HRP : Je suppose que te croiser serait maintenant très dangereux pour moi et parler de cette histoire encore plus.

La demoiselle était en fuite, Mat ne s’en formalisait pas, il avait une longue habitude de ce genre de cas, pour une raison qu’il ignorait les gens semblaient préférer partir que de rester discuter, enfin bon.

Tout en s’interrogeant avec inquiétude sur le résultat final de ses moules hâtés, il se mit à creuser un trou assez profond pour enterrer le chaudron, si Mat était atrocement mauvais pour les soins, il n’était en réalité par un excellent sorcier dans la plupart des domaines. Parmi ceux-ci, il peinait généralement à faire disparaitre bien longtemps les objets, ces derniers finissaient toujours pas revenir vers lui, souvent au mauvais moment et au mauvais endroit.

Il préférait donc enfouir le chaudron plutôt que de le récupérer au milieu de sa chambre en rentrant à la tour, même si bon, fatalement, creuser des trous n’était pas palpitant…

« I’m a poor lonesome cowboy… »


Edit Josh: Sujet terminé, je verrouille.