Mat avait de la glaise jusqu’aux genoux, et le jean bien au dessus, il était habillé à la moldu, les cours n’avaient pas encore repris à Poudlard et l’on pouvait donc y déambuler dans les vêtements de son choix.
Visiblement à la recherche de quelque chose, il scrutait le fond de l’eau, sa baguette produisant une lumière blanche qui permettait, vaguement, d’y voir quelque chose. Il maugréait à chacun de ses pas qui soulevaient un nuage de tourbe, l’empêchant de distinguer le fond, et continuait à maugréer même une fois que la vase se redéposait.
Il tournait visiblement en rond depuis un bon moment, et commençait à se sentir profondément lassé par la tournure des évènements, l’eau était tout juste tiède, et ses bottes s’enfonçaient doucement dans la boue de la berge. Il avait déjà eu recours à la plupart des sorts qu’il connaissait, attraction, répulsion, explosion, la majeure partie du répertoire connu y était passé, sans autre effet que de voir léviter, propulser ou exploser des grenouilles, têtards et autres animaux vivant dans l’eau peu profonde.

« J’en ai ras le cul… » Il songeait sérieusement à abandonner sa quête, mais il ne pouvait s’y résoudre, on ne laisse pas les cadeaux dans les lacs.

Méliane se promenait tranquillement dans le parc, perdu dans ses pensées. Ne sachant pas vraiment, où ses pieds la portaient. Elle arriva en haut de la but donnant sur le lac. Elle vit un grand gaillard patauger dans la boue.
S'approchant de la berge, elle reconnu Mat, le serpentard à la langue de vipère.
Ne s'approchant pas trop de l'eau, elle le railla.

-Alors un part à la chasse au grenouille, ou c'est un bain de boue pour la peau.

Elle ne l'aimait pas et c'était réciproque. Elle eut un sourire moqueur le regardant ce débattre de la boue jusqu'aux genoux.
Par prudence, elle prit sa baguette en main, mais garda la main derrière le dos. Les serpentards étaient réputés pour être fourbe. Il était en affaire moldue, il aimait bien se montrer différent, ou tut simplement se montrer. Tout le monde m'était l'uniforme dès qu'il entrait dans l'enceinte de l'école.

Magnifique, magistral, cosmiquement parfait, non seulement il en avait ras le bol, mais les touristes déboulaient du diable vauvert, c’était juste formidable, un moment d’intense bonheur, de la joie à l’état brute, la perfection fait moment.

Et non seulement il y avait un touriste, ou plutôt une touriste, mais c’était une touriste pénible, le bonheur, le bonheur… Et cette saloperie qui refusait de se montrer dans la flotte, Mat passait une après midi de plus en plus pénible. Et la touriste parlait en sus, bah voyons, enfin bon, Mat n’était plus à ça prêt. Une phrase fort mesquine en plus, presque digne d’un Serpentard, la tournure en moins, mais l’idée y était.

« Magistral. J’adore. C’était très bien petite, bon, bien sur la formulation laisse à désirer, mais sur l’esprit, c’était parfait, du Serpentard pur jus. T’es sur d’être dans la bonne maison ? Parce qu’un Gryffondor, animal niais s’il en est, aurait sans doute du me proposer son aide vu qu’il a bon cœur, mais qu’est ce que j’entends ? Formule mesquine, raillerie, amusement en voyant le malheur d’autrui, tata, je n’ai pas souvenir que ça fasse partie de vos grandes vertus. Et pour répondre à la question, les deux, plus un. C’est excellent pour la peau, j’ai bien besoin d’une grenouille, et pour couronner le tout il parait que ça rend aimable. Je ne peux que t’encourager à t’y essayer, tu sembles en avoir autant besoin que moi.»

Il continuait à touiller le fond, se demandant s’il n’avait pas enfoncé l’objet de ses recherches par mégarde dans la vase plus profondément encore.

« Ah, on montre les crocs, ou plutôt les crochets ? A noter qu’il vaut mieux que je me débrouille, parce que vu l’aide qu’on peut espérer recevoir de nos jours… »

Il continuait à touiller le fond, retirait de temps en temps une sangsue un peu trop vorace et commençait à se demander si une explosion au milieu du lac se verrait beaucoup depuis le château, quand soudain… Une branche morte, encore raté.

« Et si je te le demande poliment, tu peux encore refuser ? » Il arborait un sourire pour le moins…étrange.

« Je te prie, Méliane Rivers, de m’aider à retrouver ce que je cherche, ne serait ce que quelques minutes. S’il te plait. »

L’invitation était lancée.

« Un cadeau, une babiole, mais un cadeau quand même. Pour être plus précis, ma boucle d’oreille, dorée, ronde, plus épaisse vers le bas, et visiblement insensible à l’ensemble des sorts magiques de ma connaissance, du moins j’en suis venu à l’espérer quand j’ai commencé à faire exploser des portions entières de tourbes. Elle est quelque part dans le coin, vu que je l’avais en commençant mon bain de boue, et que je ne l’avais plus en sortant de mon bain de boue. Le plus perturbant c’est qu’elle n’a pas de système de fermeture, donc elle n’aurait pas du pouvoir casser, mais bon, j’ai arrêté de chercher des causes logiques à tout ce qui se produit depuis longtemps.
Concernant l’art de la fouille, ou comment retrouver un truc de 1 centimètre sur dix mètres carrés avec de l’eau boueuse, ma foi, un chouilla de lumière en plus serait un bon début. En sus ne pas te mouiller les pieds m’arrange, ça trouble l’eau. »

Un fort long monologue pour quelqu’un appréciant généralement le laconisme, mais bon, une fois de temps en temps, il pouvait y survivre. Il commençait à s’interroger sur la possibilité d’assécher un bout du lac, construire un petit barrage autour de la zone, la vider de son eau, et commencer les fouilles avec un tamis, mais c’était une solution radicale qui lui apporterait sans doute un paquet d’ennuis, ils allaient donc continuer à l’ancienne encore un peu.

« Si tu la vois, inutile de te faire prier pour le dire. » Mieux valait prévenir que guérir, les gens avaient souvent un humour étrange.

Mat se mit à tâtonner du bout du pied dans la vase l’endroit qu’avait désigné Meliane, et…Bingo ! La boucle, enfin, le pied, la boucle, le pied avait trouvé la boucle, ou l’inverse, peu importait, Mat avait récupéré sa boucle.

Il l’attrapa d’une main, nettoya la boucle rapidement et commença à s’interroger sur comment la remettre, elle était intacte, entière, comme au premier jour, ou peu s’en fallait. Mat ne savait pas comment la mettre, il l’avait toujours eu, aussi loin qu’il s’en souvienne, mais au moins, elle était la.

« Merci bien pour le coup de main, c’était important pour moi, du moins je crois, je le suppute, je l’envisage, je le pense, je le crois…Enfin bref, merci. »

Mat observa attentivement l’objet de ses recherches, puis remit la boucle dans sa poche, s’essuya grossièrement les pieds, enfila ses bottes, les essuya grossièrement sur la berge à leur tour, rajusta son pantalon, se recoiffa, vérifia l’ensemble en regardant son reflet dans le lac, et visiblement satisfait de se mise fit mine de s’en aller vers le château, avant de s’arrêter brusquement. Il se tourna vers Méliane.

« Hum, merci pour le coup de main, je continue à me demander si tu l’as fait par culpabilité ou sympathie, et je ne crois pas trop à la thèse de la sympathie, mais ça ne change rien. Merci beaucoup, merci encore, et à charge de revanche, je n’oublie pas mes dettes. »